Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
DU JAPON.

religieux, dont il respectait fort la vertu. Cet exemple fut suivi par un nombre infini de chrétiens, et les fidèles de tout âge et de toute condition n étaient plus occupés qu’à chercher les moyens de se procurer l’honneur du martyre. L’empressement avec lequel on se faisait inscrire sur les listes des chrétiens embarrassait les officiers de Tayco-Sama eux-mêmes. Mais tout ce mouvement, qui avait donné lieu à un spectacle si glorieux à la religion, s’apaisa tout à coup ; la nouvelle se répandit qu’on ne ferait mourir que les religieux qui étaient actuellement arrêtés à Ozaca et à Méaco, avec quelques chrétiens qu’on avait trouvés chez eux. En effet, on était parvenu à adoucir l’empereur, surtout à l’égard des religieux portugais qui s’étaient toujours soumis à ses ordres et qui n’avaient cessé de prêcher l’obéissance aux princes ; il ordonna même d’écrire à l’évêque et au P. Gnecchi pour les rassurer.

On espérait qu’il se contenterait d’exiler les Pères de Saint-François ; mais, dans les derniers jours de décembre, il donna ordre à Xibunojo de prendre les prisonniers arrêtés à Ozaca et à Méaco, dont il lui remit une liste, de leur couper le nez et les oreilles, de les promener en cet état dans les rues de Méaco, d’Ozaca et de Sacai, en portant devant eux la sentence de mort qui les con-