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DU JAPON.

joignent aux nouveaux chrétiens et n’ont pas beaucoup de peine à venir à bout du reste. » Les officiers qui entendirent ce langage en informèrent promptement l’empereur, sur l’esprit duquel cet imprudent discours produisit une profonde impression. Il fit aussitôt donner des gardes aux Pères Franciscains d’Ozaca, jurant qu’il ne laisserait pas un seul missionnaire en vie, et il répondit au capitaine du vaisseau espagnol qu’il le considérait comme un corsaire, et qu’il eut à sortir immédiatement de l’empire, s’il ne voulait être traité comme tel.

Le P. Gnecchi et les autres Jésuites s’empressèrent de pourvoir aux besoins des Espagnols, qui se trouvaient dans le plus complet dénuement et qui auraient péri de misère sans eux. Cette conduite généreuse n’empêcha pas les Castillans des Philippines, qui étaient jaloux du commerce des Portugais, de publier toute espèce de calomnies contre les Pères de la Compagnie ; ils les accusèrent d’avoir dénoncé le vaisseau comme un corsaire et d’avoir causé la saisie du chargement ; ils prétendaient, en outre, que les Jésuites faisaient au Japon, pour leur propre compte, un commerce fort lucratif, tandis qu’en réalité ces missionnaires n’auraient pu subsister avec le faible secours annuel que leur envoyaient les rois