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DU JAPON.

dience se passa en civilités réciproques ; le premier ambassadeur y fut assis à côté de l’empereur ; le monarque chinois se regardait comme fort au-dessus de l’empereur du Japon, et il avait prétendu l’honorer de la dignité royale en lui envoyant une couronne. Le P. Froez dit même que, dans sa lettre, l’empereur de la Chine commandait avec menaces à Tayco-Sama de laisser désormais la Corée en repos ; mais ce prince ignora le contenu de cette lettre, ou feignit de l’ignorer. Les ambassadeurs furent reconduits à Sacai dans des bâtiments où tout, jusqu’aux rames, était d’or moulu ; de là ils écrivirent à l’empereur pour lui demander de faire évacuer et raser les forts que ses troupes occupaient en Corée. À la lecture de cette lettre, Tayco-Sama, qui s’était flatté de partager la Corée avec l’empereur chinois, tomba dans un violent accès de colère ; il maltraita cruellement le grand amiral, et fit dire au gouverneur de Sacai que, si dans deux jours les ambassadeurs et tous les Chinois et les Coréens n’étaient embarqués, il lui en coûterait la vie. Il ordonna en même temps que la guerre recommençât en Corée et fût poussée à toute outrance ; les Coréens, surpris et épuisés par la guerre précédente, ne résistèrent sur aucun point, et les Japonnais se virent en peu de temps maîtres encore une fois de toute la presqu’île.