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HISTOIRE

truite, mais on remarqua que presque partout les maisons des chrétiens étaient restées debout au milieu des ruines qui les entouraient. Tayco-Sama s’était sauvé presque nu, portant son fils dans ses bras, et demeura longtemps sous une cabane de jonc qu’il faisait construire tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre. Le nombre des personnes qui périrent est incroyable ; mais ce qui causa les plus grands ravages, ce fut un débordement de la mer qui inonda tout le pays jusqu’à Méaco d’un côté, et de l’autre, jusqu’à l’extrémité du Bungo.

La protection évidente que le ciel avait accordée aux chrétiens au milieu de ces calamités aurait dû frapper Tayco-Sama ; mais Dieu avait endurci son cœur, et il ne vit pas plutôt la terre tranquille et la mer rentrée dans ses limites, qu’il fit rebâtir ses palais et se livra de nouveau à ses ambitieuses pensées. La réception des ambassadeurs chinois eut lieu à Ozaca, dans les bâtiments élevés à la hâte sur les débris des palais renversés. On déploya en cette occasion une grande magnificence ; les présents de l’empereur de la Chine étaient fort beaux : sa lettre était écrite sur une lame d’or, et accompagnée de deux couronnes du même métal, l’une pour Tayco-Sama, et l’antre pour son épouse. L’au-