Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
DU JAPON.

core en lui disant que le gouverneur attendait les ordres du roi d’Espagne. Le P. Baptiste fonda à Ozaca un couvent sous le nom de Bethléem, et personne ne s’opposa à cette nouvelle entreprise. Il envoya ensuite deux de ses religieux à Nangazaqui, où ils furent reçus avec de grands témoignages d’amitié par les Jésuites. Les deux nouveaux venus s’emparèrent d’une petite église où l’on ne célébrait plus le service divin depuis les derniers édits de Tayco-Sama, et y exercèrent le ministère aussi publiquement que leurs confrères le faisaient à Méaco et à Ozaca ; mais le gouverneur les força de sortir de l’étendue de sa juridiction, et ils retournèrent à Méaco.

(1595) Depuis longtemps on prévoyait une rupture entre l’empereur et son neveu ; elle éclata enfin, sans que l’on sut trop pourquoi ces deux princes s’étaient brouillés ; la véritable raison est sans doute que l’empereur, ayant eu un fils, se repentit l’avoir trop tôt associé son neveu à l’empire, Cambacondono était alors dans sa trente-unième année, beau, bien fait, d’un esprit vif et pénétrant, prudent, sobre, modeste et aimant les arts. Mais ces belles qualités étaient ternies par le plaisir que ce prince trouvait à répandre le sang humain, au point que sa plus grande distraction était de se faire amener les criminels condamnés