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DU JAPON.

d’une lettre du gouverneur. Ils débarquèrent heureusement à Firando, passèrent un mois à Nangazaqui, où les missionnaires leur firent l’accueil le plus cordial, et se rendirent enfin auprès de l’empereur. Celui-ci s’emporta d’abord quand il apprit que les Pères n’apportaient pas encore la soumission du gouverneur des Philippines, puis il s’apaisa sur les promesses que lui firent les interprètes qui ne rendaient pas exactement les paroles des religieux. Enfin il leur permit de séjourner à Méaco, tout en leur défendant de prêcher la foi chrétienne aux Japonnais. Les Pères se hâtèrent cependant d’apprendre la langue du pays et de commencer l'exercice de leur ministère ; heureusement pour eux, l’empereur, occupé par d’autres intérêts, ne surveillait plus leurs démarches.

Ce prince, que rien ne retenait plus à Nangoya, en partit au commencement de 1594 ; le vaisseau qu’il montait se brisa contre un écueil, tout l’équipage fut noyé, et lui seul se sauva à la nage au milieu des plus grands dangers. Il alla aussitôt faire terminer les magnifiques bâtiments qu’il avait commencés à Fucimi, et qui firent de cette ville une des plus grandes cités, et peut-être la plus belle du Japon. Pour l’embellir, il avait détourné des rivières, formé d’immenses monta-