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HISTOIRE

tre missionnaires furent empoisonnés par les seigneurs de ce pays, malgré la protection de la princesse Mancie, fille de Sumitanda, dont le mari gouvernait cette contrée.

Pendant que l’empereur semblait revenir à des sentiments plus doux à l’égard des chrétiens, Faranda, cet intrigant dont nous avons déjà eu l’occasion de parler, continuait aux Philippines le rôle qu’il avait déjà joué au Japon. Il publiait toute espèce de calomnies contre les Jésuites ; il affirmait que le christianisme était entièrement aboli au Japon, par suite de la retraite de ces missionnaires. Il alla trouver les Pères de Saint-François de la réforme de Saint-Pierre d’Alcantara, et leur dit que l’empereur, ayant eu connaissance de leurs vertus, désirait ardemment de voir dans ses États des religieux de l’ordre ; auprès du gouverneur, il étalait les avantages que les Portugais retireraient du commerce avec le Japon ; enfin il ut si bien, que, malgré le bref du pape et les ordres du roi d’Espagne, qui recommandaient de ne pas envoyer au Japon d’autres ouvriers apostoliques que les membres de la Compagnie de Jésus, le P. Baptiste, commissaire des Pères de Saint-François, accompagné de trois autres religieux de son ordre, de Faranda et d’un gentilhomme espagnol, partit pour le Japon, chargé