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DU JAPON.

dre fut exécuté, et les missionnaires durent se retirer dans l’hôpital de la Miséricorde. Le ciel se chargea de punir les auteurs de ces maux, car la mère de l’empereur mourut à Méaco le jour même que l’arrêt sacrilège était signé à Nangoya, et les Espagnols qui, par leur jalousie, avaient causé ces malheurs, se noyèrent en retournant aux Philippines. Le P. Valegnani, qui venait de convertir le roi d’Inga, partit la même année, emmenant avec lui le P. Froez à Macao.

On n’avait pas cessé de faire passer des troupes en Corée, et bientôt les généraux japonnais s’y virent à la tête de plus de deux cent mille hommes. L’empereur lui-même disait hautement qu’il allait s’y transporter, et il fit revenir la flotte sous ce prétexte, mais on pensa qu’il n’en avait pas l’intention. Cependant l’armée japonnaise se trouva bientôt dans la situation la plus critique au milieu d’un pays qu’il était plus facile de conquérir que de conserver. Les Coréens s’étaient retirés dans des lieux inaccessibles, et leurs ennemis, maîtres des villes au milieu d’un pays ruiné, se virent bientôt exposés à la plus grande disette. En les voyant ainsi affaiblis, les Coréens se rassurèrent, et, secondés par une puissante armée de Chinois et de Tartares, ils reprirent l’offensive. Le grand amiral supporia presque