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HISTOIRE

dans ses États, le roi, toujours excité par son oncle, voulut forcer Scingandono à quitter la religion chrétienne ; mais ce seigneur lui ayant répondu avec une noble fermeté, il n’osa pas se déclarer hautement contre un homme que l’empereur honorait d’une si grande estime. Il déchargea sa fureur sur des citoyens moins considérables, qu’il condamna à mort parce qu’ils se montraient fidèles à la foi. Ainsi les premiers martyrs que la persécution du Japon ait donnés à l’Église périrent par ordre d’un roi chrétien. En même temps, un prince idolâtre rétablissait le christianisme dans ses États : en effet, l’usurpateur de Gotto, qui d’abord avait persécuté les chrétiens, ne tarda pas à les tolérer, et même il fut le premier à rappeler les missionnaires.

On crut à cette époque qu’Ucondono allait rentrer en grâce auprès de l’empereur ; en effet, ce prince avait dit aux amis de cet illustre proscrit qu’il pouvait se présenter à la cour. Ucondono, qui était alors chez le prince d’Arima, vint sur cette assurance et fut bien accueilli par le monarque. Mais quelques jours après, Cambacondono l’envoya en mission auprès du roi de Canga, et il fit dire en même temps à ce prince de le traiter en exilé. Personne ne douta alors que le monarque n’eût eu pour unique but de ti-