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DU JAPON.

verts ailleurs qu’à Firando auraient la tête coupée. Les missionnaires, sur l’ordre du vice-provincial, cédèrent à l’orage, livrèrent leurs maisons et leurs églises aux officiers du prince, après avoir mis en sûreté les vases sacrés, et se réunirent dans le port de Firando, au nombre d’environ cent vingt. Ceux qui étaient venus d’Ozaca furent obligés d’amener presque tous leurs séminaristes, qui ne voulurent jamais se séparer d’eux. Le P. Gnecchi était demeuré caché à Ozaca, et un frère était resté dans le Bungo.

Cependant ces mesures tyranniques soulevèrent dans toutes les provinces des murmures qui se changèrent bientôt en un cri général. Les idolâtres eux-mêmes s’écriaient que la nation avait toujours joui de la liberté religieuse la plus illimitée, et que l’empereur ne pouvait la dépouiller de ce droit. Cambacondono n’ignorait pas la disposition des esprits à cet égard, et il est probable qu’il reconnaissait intérieurement son tort ; mais il plaçait sa vanité à ne jamais revenir sur ce qu’il avait une fois résolu, et il ne songeait qu’à faire exécuter ses édits. Un navire portugais, qui était à Firando, se disposant à faire voile pour les Indes, il fut signifié au capitaine qu’il eût à y faire embarquer tous les missionnaires. Le vice-provincial en fit partir quelques-uns pour la Chine,