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DU JAPON.

moyen de résister à une sommation appuyée par des forces aussi considérables, l’empereur, sans avoir presque tiré l’épée, se trouva maître absolu de cette belle et grande île, que la commodité de ses ports, la fertilité de ses campagnes et l’avantage de sa situation rendent une des plus importantes parties de l’empire japonnais. Les royaumes de Bungo, de Firando, d’Arima et la principauté d’Omura, conservèrent leurs gouvernements respectifs ; le Fiunga fut offert au roi Civan, mais ce prince répondit qu’il n’avait plus d’ambition que pour régner dans le ciel. L’empereur admira ce détachement des choses humaines, et partagea ses terres entre ses grands officiers. Le grand amiral eut, en outre, la lieutenance générale du Ximo. Il rétablit ensuite l’église et la maison que les missionnaires avaient possédées à Facata, et défendit qu’il y eût dans cette ville aucun autre temple ni de maison de bonze. Jamais les chrétiens n’avaient semblé si en faveur, et cependant on doit reconnaître que la révolution qui soumit les rois chrétiens du Ximo à l’autorité de l’empereur fut fatale à la religion, car cette île avait offert jusque-là à la religion un asile contre les édits des empereurs, et il ne pouvait plus en être de même dorénavant.

(1587) Les fidèles eurent en ce temps à pleurer des pertes qui leur furent bien sensibles :