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DU JAPON.

tianisme comme le roi de Bungo, mais on ne tarda pas à se convaincre qu’il n’avait aucune religion, et que si la droiture de son esprit le faisait estimer le christianisme et ceux qui le prêchaient, il était loin encore d’ouvrir son âme à la vraie lumière. Toutefois il faisait tout ce qui dépendait de lui pour favoriser la religion et ses ministres. Il avait fait combler en vingt jours une baie considérable, formée par une partie du lac qui s’avançait entre la ville de Nanzuquiama et la montagne où était son palais. De grands seigneurs lui demandèrent en vain ce terrain pour y construire leurs palais, mais il l’accorda sans hésiter au P. Gnecchi, qui lui proposa d’y fonder un séminaire pour y élever de jeunes gentilshommes sous ses yeux. On avait depuis peu construit à Méaco une fort belle maison destinée au même usage ; les chrétiens, profitant de l’avantage qu’offrent les bâtiments japonnais de pouvoir facilement se monter et se démonter, la transportèrent tout entière à Anzuquiama, où elle produisait un effet dont Nobunanga se montra fort satisfait.

Pendant ce temps, Joscimon, le jeune roi du Bungo, se voyait sans cesse en butte aux exigences des seigneurs de son royaume qui lui montraient d’autant moins de soumission qu’ils le croyaient moins en état de leur résister. Ce prince