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HISTOIRE

La reine et son frère, ne sachant plus quel parti prendre, accusèrent les chrétiens de complots dirigés contre le roi, mais Civan repoussa cette inculpation en menaçant son épouse de la répudier. Cette princesse fut saisie en même temps d’une maladie fort douloureuse qu’on ne pouvait expliquer ; touchée enfin de cette marque visible de l’indignation du ciel, elle promit de ne plus molester les chrétiens, et fut aussitôt délivrée de son mal. Quant à Cicatondono, comme il n’agissait guère qu’à l’instigation de sa sœur, il se calma facilement ; les deux rois revinrent, et la persécution qui avait menacé l’Église n’eut pas d’autre suite, mais elle avait servi à faire éclater la foi vive et ardente des chrétiens du Bungo.

Peu de jours après, le P. Balthazar Lopez débarqua à Cochinotzu, ramenant avec lui douze missionnaires de la Compagnie de Jésus, parmi lesquels il n’y en avait que cinq qui ne fussent pas prêtres. Le P. Cabral assigna sur-le-champ à chacun sa mission, et comme on lui demandait de toutes parts des ouvriers, il n’en eut bientôt plus un seul dont il pût disposer. Le jeune prince d’Arima ayant changé de sentiment à l’égard du christianisme, le vice-provincial lui rendit une visite, et le prince, après l’avoir parfaitement accueilli, lui demanda pardon de ce qu’il avait fait d’abord