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DU JAPON.

génie supérieur, ses qualités et son courage ont rendu le héros du Japon. Avec l’aide de ce puissant allié, le prince légitime se vit bientôt rétabli sur son trône ; Nobunanga, qui lui avait rendu son pouvoir, voulut lui faire construire un nouveau palais pour remplacer celui que les rebelles avaient incendié ; à son ordre vingt-cinq mille personnes se mirent à l’œuvre, et le général présidait lui-même les travaux, le cimeterre à la main, et couvert, suivant sa coutume, d’une peau de tigre. Comme les pierres manquaient, il fit abattre les monastères et briser les statues des faux dieux, malgré les plaintes et les menaces des bonzes qu’il réduisit promptement au silence.

Vatadono, à qui sa loyauté et son courage avaient aussi donné une grande influence, demanda le rappel des missionnaires, et presque aussitôt, malgré l’opposition du Dairy, le P. Froez rentra à Méaco comme en triomphe et au milieu des acclamations. Nobunanga le reçut très-favorablement, et le Cubo-Sama lui accorda des patentes qui garantissaient sa sûreté et l’autorisaient à prêcher la véritable doctrine au peuple.

Nobunanga s’était réservé tout le pouvoir en laissant les honneurs du trône à l’empereur ; il avait fait de Vatadono son lieutenant à Méaco, et celui-ci continuait de protéger les chrétiens.