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DU JAPON.

Deux filles du Cubo-Sama furent cependant sauvées par un chrétien, sans qu’on s’y opposât, et un de ses frères, qui était bonze, put aussi s’échapper. Après que les premières fureurs furent passées, on se contenta d’envoyer en exil ceux qu’on soupçonnait d’attachement à la famille impériale. Les missionnaires furent de ce nombre ; et, grâce à la protection du secrétaire de Mioxindono, qui était chrétien et qui détestait la trahison de son maître, le P. Vilela eut la permission de se retirer à Imory, et le P. Froez avec Damien dans l’île de Canga. À peine étaient-ils partis de Méaco, qu’on y publia l’édit de proscription contre eux et contre leur religion qui fut déclarée abominable. Alors les bonzes triomphèrent, mais ils n’avaient pourtant rien gagné. Les fidèles, dirigés par un ancien bonze que le P. Froez avait chargé de ce soin, se soutinrent dans la foi avec une inébranlable fermeté.

L’Église de Firando était toujours persécutée et toujours fervente. Le roi n’osait se déclarer ouvertement contre le prince Antoine qui avait embrassé le christianisme, mais il l'abreuvait de dégoûts. Ayant appris qu’Antoine recevait des lettres du prince d’Omura, le roi fit, contre le droit des gens, arrêter et exécuter les porteurs de cette correspondance, qui était cependant tout à fait in-