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DU JAPON.

Tout concourait ainsi à donner l’espoir que le christianisme allait dominer dans la capitale de l’empire et jusque dans le palais de l’empereur ; mais de si belles apparences s’évanouirent en un instant, et la chrétienté de Méaco, sauvée de tant de dangers, établie sur des fondements si solides, et cultivée avec tant de soins, était à la veille de se voir ensevelie sous les ruines de l’État, par une des plus étranges révolutions qui se lisent dans l’histoire.

Mioxindono, roi d’Imori et de Cavaxi, était parvenu au plus haut point de gloire et de grandeur où un sujet puisse jamais espérer de monter par la faveur de son souverain. Son mérite, sa réputation, plusieurs victoires qu’il venait de remporter sur ses propres ennemis, après avoir plus d’une fois dompté ceux de son maître, le faisaient regarder de l’empereur comme l’ornement de sa cour et le soutien de son trône. Mais tant de grandeurs n’avaient pu encore satisfaire l’ambition de Mioxindono, et il résolut de franchir par un crime le dernier degré qui le séparait du trône. Ne pouvant agir à Méaco sans le secours de Daxandono qui gouvernait cette place, il lui offrit de partager l’empire avec lui, et à ce prix il le gagna sans peine. Les conjurés disposèrent donc toutes les troupes qui étaient accou-