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HISTOIRE

baptême, et bien des personnes du premier rang paraissaient ébranlées par un si grand exemple. Ce succès augmenta encore quand les missionnaires eurent été admis à l’audience solennelle que l’empereur donne au commencement de l’année. C’était une cérémonie très-auguste. L’empereur, assis à la manière des Orientaux sur une estrade élevée et fort spacieuse, dans une salle où l’or brillait de toutes parts, voyait devant lui, d’un coup d’œil, prosternés contre terre tous ses grands vassaux, rois, princes et grands officiers de la couronne, chacun selon son rang, et portant tous un présent à la main. Un petit geste du souverain, une inclinaison de tête, baisser, en regardant quelqu’un, l’éventail que, selon la coutume du pays, il tenait à la main, tout cela était estimé une grande faveur. Le monarque s’entretenait assez familièrement après l’audience avec ceux qu’il admettait à son intimité. Les deux missionnaires furent cette fois de ce nombre, et l’on vit avec une surprise extrême deux pauvres religieux fort simplement vêtus honorés de la conversation de ce prince, aux yeux des premiers de la cour, sur qui il daignait à peine jeter quelques regards. Avant de se retirer, les missionnaires prirent le thé avec l’empereur, et la mère du Cubo-Sama, à qui ils furent ensuite présentés, leur fit un accueil non moins flatteur.