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Histoire

» de ſa profeſſion, qui mene une vietoute séculiere, & dont la conduite eſt tout-à-fait ſcandaleuſe. Il a osé inſulter dans la Place publique un Gouverneur & Capitaine général, dépoſitaire de l’autorité du Roi, & cette inſolence. n’a point été punie. On l’a vu depuis en toute rencontre continuer ſes outrages, & menacer ouvertement le Gouverneur avec des armes qu’il ne ſied point à un Prêtre & à un Religieux de porter. Je ne prétends point excuſer l’action du Gouverneur ; j’expoſe toutes les circonſtances qui ont précédé le fait, & j’en laiſſe le jugement au public impartial, &c.

Cependant tout étoit en confuſion dans la Capitale : le Gouverneur & l’Evêque ne gardoient plus de meſures l’un avec l’autre & chacun prenoit parti ſelon ſes vues & ſes intérêts. Dom Grégorio ne prétendoit rien moins que de ſe rendre maître de la perſonne du Prélat, qui de ſon côté faiſoit tout ſon poſſible pour animer le Public contre lui. Il vouloit même obliger ſous peine d’excommunication les Prédicateurs à déclamer contre lui en Chaire ; mais tous le refuſerent, & il n’oſa en venir à l’exécution de ſes menaces. D’ailleurs l’Office divin avoit ceſſé partout, on n’enfendoit plus dans la Ville que le ſon des cloches, & celui des tambours. Enfin, le Pere de Cardenas qui avoit trouvé le moien de ſe ſauver de Corrientès, & François Sanchez de Cabreras, vinrent encore augmenter le déſordre, en faiſant courir