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pour l'entretien de la bibliothèque sont obligeants et com-
inunicatifs de leurs manuscrits. Ils en laissent copier tout
ce dont on a besoin, et il y a des copistes gagés pour
écrire en toutes sortes de langues, même en hébreu,
syriaque, etc.
Outre les salles des livres, on a établi des académies
de peinture et de sculpture. La galerie des sculptures est
pleine, comme à Paris, de modèles moulés en plAtre, sur
les meilleures statues antiques ; et, en outre, de grandis-
simes dessins à la main, dont le principal, sans doute,
est celui qu'a, fait Raphaël, pour peindre son grand
morceau de l'École d'Athènes (1). Il ne faut pas oublier
un squelette effectif posé sur un piédestal et couronné de
lauriers ; c'est celui d'une femme docteur, qui, après
avoir donné quantité de bonnes instructions à ses com-
patriotes pendant sa vie, a voulu leur en donner encore
après sa mort, et qui, présumant bien sans doute de ses
appas secrets, ordonna, par son testament, qu'on feroit
une anatomie de son corps, et que le squelette en seroit
posé dans cette galerie, pour être une étude d'ostéologie.
Voilà à peu près ce que porte l'inscription du piédestal ;
mais j'ai oublié le nom de la fille. En récompense, je me
souviens que près de là, il y a un bas-relief de marbre
curieux et chargé de quantité de petites figures fort
délicates. De là, on entre dans la galerie de peinture ;
mais chut, ceci nous mèneroit un peu loin, vu la quantité
de belles choses dont elle est pleine ; ainsi, j'ai bien envie
de n'en point parler du tout. Il ne faut pas s'aviser
de confondre la bibliothèque Ambroisienne avec celle de
Saint-Ambroise : celle-ci appartient aux moines du cou-
vent de ce nom et ressemble fort à l'autre, non seulement
par les livres, mais encore par un bon nombre de
manuscrits et de tableaux. Les principaux de ceux-ci
sont une Incrédulité de Saint-Thomas, du Titien ; une
Descente de Croix, de Lucas ; un Ensevelissement du
Bramantino ; une Faniille-Sainte, de Léonard do Vinci ;
un beau Dessin, du Morosino, et la Femme adultère de
Lanino. Mais, ce qui m'a le plus contenté dans cet endroit,
ce sont les archives, où une prodigieuse quantité de
(1 ) Oïl y voit aussi des études, h la plume, de r.éotiard de Viuci,
pour sa Cène.