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des montagnes, des jardins et des maisons de plaisance. Tandis que j’étois sur cette terrasse, j’eus le plaisir de voir tirer, en faveur de la procession de Saint-Pierre, tous les canons qui sont le long du port ; à quoi les vaisseaux répondirent par une décharge de tous les leurs, et illuminèrent ensuite leurs bords et leurs mâts.

La palais Doria tient non seulement tout un côté d’une fort longue rue, mais encore tout l’autre côté. On a jeté des ponts en l’air pour y traverser. Sur les bâtiments de ce second côté, rasés à moitié hauteur, on a élevé un rang de colonnes corinthiennes qui soutiennent une treille ; au-delà sont des jardins qui s’élèvent jusqu’au dessus d’une montagne. Dans ce jardin, près d’un colosse de Jupiter, est le tombeau d’un chien d’André Doria, à qui il donna cent pistoles de pension pour son entretien. L’épitaphe est des plus curieuses : « Qui giace il gran Rolande, cane del principe Giov. Andréa Doria, il quale per la sua fede e benevolenzia, fu meritevole di questa memoria, e perché servô in vita si grandemente ambidue le leggi, fu ancora guidicato in morte, doversi collocare il suo cenere presse del summo Giov. come veramente degno délia real custodia. Visse XI anni e X mesi, mori in settembre del 1615, giorno 8, ora 8, della notte. »

Pour vous parler de la ville et des faubourgs, vous savez que celui de San-Pietro d’Arena est rempli de magnifiques maisons qui ont sur celles de la ville l’avantage d’être en vue, d’avoir du vide et de grands jardins remplis de grottes, de fontaines, de petits parcs qui s’étendent sur les montagnes voisines : c’est le véritable endroit pour s’aller promener.

Notez que les valets dans les palais viennent vous offrir des glaces et ne veulent rien prendre, ou du moins très-difficilement ; au lieu que dans les églises, les sacristains viennent vous demander.