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vous dis là ne s’est conclu qu’après de longues réflexions, et maintenant cela n’est peut-être pas vrai. Le vent est devenu contraire, il fait tempête. Tant il y a que nous partirons quand il plaira à Dieu, et il ne lui plaira peut-être que l’année prochaine. Il y a cependant six jours que nous sommes à croquer le marmot, et nous devrions être quasi à Florence. N’en parlons plus, car le sang me bout quand il en est question. Vous figurez-vous que je vous écrirai souvent des épîtres de cette longueur ? Ma foi, je crois que je m’en suis donné une bonne fois pour toutes. Ne vous dégoûtez pas cependant. Ecrivez-moi tout simplement à mon adresse, poste restante, à Rome. J’irai retirer vos lettres au bureau. C’est la voie la plus sûre pour ne les pas perdre. Il faudra en user de même pour toutes les villes où je vous marquerai de m’écrire. On n’affranchit point les lettres pour l’Italie.

Mille compliments pour moi à la chère Blanquette, à la bonne Pousseline de Quintin, sans oublier celle de Marsilly. Vous savez combien il faut dire de choses pour moi à madame de Montot ; n’oubliez pas non plus de faire mention de ma personne à nos amis. Vous ferez part de ma relation au doux Quintin ; dites-lui que je le prie d’envoyer les deux cahiers qu’il prit dans mon cabinet, à Neuilly, dès qu’il sera de retour. N’oubliez pas, surtout, que cette lettre que je vous écris est commune entre Neuilly et vous, ainsi qu’il me faut deux réponses. Le doux objet n’aura pas de peine à se déterminer à me donner souvent de ses nouvelles, et il sait assez combien je suis sensible au plaisir de sa conversation et de son amitié. Adieu tous les deux. Faites souvent mention ensemble de votre ami le Romain, qui n’espère plus arriver à sa nouvelle patrie, tant les contre-temps l’impatientent. Les Lacurne vous embrassent.