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cette banquette régnoient des couvercles de marbre. On vit, après les avoir levés, qu’ils servoient à boucher de grands vases de terre cuite, propres à tenir du vin, engagés dans la maçonnerie et descendant bien plus bas que le pavé de la cave. Chacune de ces urnes pouvoit contenir dix barillets, mesure de Toscane. La seconde cave avoit une ouverture longue et étroite, qu’on prit d’abord pour une fenêtre. Après l’avoir dégagée, on vit que c’étoit une armoire pratiquée dans le mur, profonde d’environ sept pieds et garnie jusqu’au haut de gradins de marbre de diverses couleurs, chacun portant sa petite corniche, très-joliment travaillée. Ces gradins servoient, sans doute, à ranger des bouteilles, des coupes et des carafes. On les a tous détruits, au grand regret des curieux, aussi bien que la banquette des deux caves, pour avoir le marbre et faire du placage ailleurs. On a aussi brisé toutes les urnes de terre en voulant les arracher. Il n’en reste que deux, dont on est venu à bout de rejoindre les fragments avec du fil de fer. Ces urnes sont fort ventrues ; leur col est un peu moins élevé que la banquette dans laquelle elles étoient enchâssées.

On a vidé les décombres de quelques autres maisons particulières, où l’on a remarqué, en général, que les escaliers sont étroits et à une seule rampe toute droite ; que les fenêtres sont petites et garnies d’une espèce d’albâtre transparent et très-mince, dont on trouve encore quelques morceaux en place ; que presque toutes les maisons ont une petite galerie pavée de mosaïque et peinte en grotesques, sur un fond rouge ; que les angles des murs sont à vive arête et comme neufs ; que les fers sont presque entièrement consumés par la rouille ; que les bois de charpente ont parfaitement conservé leur forme extérieure, mais qu’ils sont noircis et luisants ; dès qu’on les touche, ils tombent en pièces ; on distingue assez bien les fibres et les veines, pour reconnaître l’espèce du bois.


FIN DU PREMIER VOLUME.