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je vous ai rapportées, et qui en a eu en partie la direction jusqu’à ce qu’il se soit retiré dans sa patrie. Le roi lui ordonna, en 1740, d’en dresser une relation, pour envoyer à la Cour d’Espagne. Il vient en dernier lieu de faire imprimer à Rome, en un volume in-4o, cette relation fort augmentée et accompagnée d’un grand nombre de digressions sur divers points d’antiquités, que les choses dont il parle lui donnent occasion de traiter. Une autre partie de son ouvrage est employée à des recherches sur l’histoire mythologique d’Hercule ; sur sa route en Italie, au retour de l’expédition contre Geryon ; et sur les établissements que firent autrefois les Étrusques en Campanie. Comme un ouvrage de cette étendue n’est pas propre à être lu dans nos assemblées, j’ai pensé qu’un extrait réduit au seul détail exact des monuments antiques déterrés à Ercolano, pourroit, sans ennui, occuper votre curiosité pendant une demi-heure. Je me suis borné à tirer de ce livre les seuls faits ou descriptions répandus dans tout l’ouvrage, sans y joindre ni réflexions, ni explications arbitraires, et à former un simple catalogue contenant la liste des bâtiments.



PREMIÈRE DÉCOUVERTE.


Au commencement de ce siècle-ci, quelques habitants du village de Résina, faisant creuser un puits, trouvèrent plusieurs morceaux de marbre jaune antique, et de marbre grec de couleurs variées. En 1711, le prince d’Elbœuf, ayant besoin de poudre de marbre pour faire des stucs dans une maison de campagne qu’il faisoit construire à Portici, fit excaver les terres à fleur d’eau, dans ce même puits, ou l’on avoit déjà trouvé des fragments de marbre. Ce fut alors qu’on trouva un temple orné de colonnes et de statues, qui furent enlevées et envoyées au prince Eugène. Quelques considérations politiques ou particulières firent interrompre les recherches jusqu’au mois de décembre 1738, temps auquel le roi étant à sa maison de plaisance de Portici, donna ordre de continuer à excaver les terres dans la grotte déjà commencée par le prince d’Elbœuf, et de pousser des mines de côté et d’autre, ce qui s’est continué jusqu’à ce jour. Le creux étoit alors à la profondeur de 86 palmes, et