Page:Charles de Brosses - Lettres familières écrites d’Italie - ed Poulet-Malassis 1858.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se soit donné du vide. On ne fera jamais rien de bien utile si on continue à travailler de la sorte, et si on ne prend le parti d’enlever les terres dans un espace considérable, depuis le sol extérieur jusqu’au rez-de-chaussée de la ville ; après avoir examiné cet espace, et retiré tout ce qui s’y trouveroit de curieux, on pourroit découvrir l’espace voisin en rejetant les terres sur le précédent ; et ainsi de proche en proche. Ce seroit un grand travail, dont on se trouveroit indemnisé par une quantité de raretés, surtout en sculpture et en peinture. Tout ce qu’on y a trouvé dans ce genre, en fouillant à l’aveugle, peut faire juger de ce que produiroit une recherche méthodique. Les bustes ou statues qu’on en a retirés jusqu’à présent, sont un Jupiter-Ammon, un Mercure, un Janus, quelques autres divinités, une Atalante de manière grecque, un Germanicus, un Claude, une Agrippine, un Néron, un Vespasien, un Memmius avec l’inscription au bas : L. Memmio maximo augustali ; les débris de deux chevaux et d’un chariot de bronze, et beaucoup d’autres statues mutilées d’hommes et de femmes ; mais ce qu’il y a de plus considérable en statues, c’est la famille entière des Nonnius Balbus, trouvée dans une salle. L’ouvrage en est médiocre, mais la suite est précieuse en cela même qu’elle fait une suite, et que nous n’en connaissons, ce me semble, que quatre parmi tout ce qui nous reste de la sculpture antique ; savoir : celle-ci, l’histoire d’Achille reconnu par Ulysse chez Lycomède, que possède le cardinal de Polignac ; l’histoire de Niobé et de ses enfants, par Phidias, à la vigne Médicis, et l’histoire de Dircé, au palais Farnese ; car je ne pense pas qu’on doive donner le nom de suite à des groupes de trois figures, quoiqu’ils représentent une action historique complète, tels que l’admirable Laocoon du Belvédère, le chef-d’œuvre de la sculpture antique.

La famille Nonnia, reconnue par l’inscription qui donne à l’un des Nonnius le titre de préteur-proconsul, étoit plébéienne, comme le prouve la charge de tribun du peuple qu’elle a possédée. L’histoire fait mention de trois branches de cette famille ; les Suffenas, les Balbus, dont il est question ici, et les Asprenas, desquels descendoit par adoption la branche des Quintilianus, originairement sortie de l’illustre maison Quintilia, par un frère de Quinti-