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assez différente de la nôtre. Un de ces jours, je traiterai cela ex professa avecQuinlin qui, dans sa dernière lettre, m’a fait diverses questions sur les spectacles. On y donne beaucoup au goût du petit peuple. Un opéra ne plairoit guère s’il n’y avoit, entre autres choses, une bataille figurée : deux cents galopins, tant de part que d’autre, en font la représentation ; mais on a soin de mettre en première ligne un certain nombre de seigneurs spadassins, qui sachent très-bien faire des armes. Ceci ne laisse pas que d’être amusant ; au moins n’est-il pas si ridicule que nos combattants de Cadmus et de Thésée, qui se tuent en dansant. Dans cet opéra-ci de Parthenope, il y avoit une action de cavalerie effective qui me plut infiniment. Les deux mestres-de-camp, avant que d’en venir aux mains, chantèrent à cheval un duo contradictoire d’un chromatique parfait, et très-capable de faire paroli aux longues harangues des héros de l’Iliade. Nous avons eu quatre opéras à la fois, sur quatre théâtres différents. Après les avoir essayés successivement, j’en quittai bientôt trois pour ne plus manquer une seule représentation de la Frascatana, comédie en jargon, de Léo. (A’’. B. Ce jargon napolitain est peut-être le plus détestable baragouin dont on se soit avisé depuis la fondation de la tour de Babel. J’ai pourtant voulu en prendre une teinture, tant à cause des opéras que par rapport aux douceurs que j’espérois trouver dans le commerce des lazariels. Je me souviens même d’avoir expliqué en France, à Alessandro, des airs en langage de son pays, qu’il n’entendoit point.) Quelle invention ! quelle harmonie ! quelle excellente plaisanterie musicale ! Je porterai cet opéra en France, et je veux que Maleteste m’en dise des nouvelles. Mais sera-t-il organisé pour comprendre cela ? Naples est la capitale du monde musicien ; c’est des séminaires nombreux, où l’on élève la jeunesse en cet art, que sont sortis la plupart des fameux compositeurs, Scarlatti, Léonard de Vinci (1), le vrai dieu de la musique, les Zinaldo, Latilla, et mon charmant Pergolese. Tous ceux-ci ne se sont occupés que de la musique vocale : l’instrumentale a son règne en Lombardie. M. Loppin s’est donné un petit claveciniste Ferdinando, bélître de profession, qui vous joue familièrement, à livre

(I) Compositeur né à INaples en 1703, mort en 1737.