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que l’on a tout nouvellement découvert sous terre la ville même d’Ercolano, où l’on travaille à force à tirer quantité de monuments antiques de toute espèce. J’y suis entré par la porte de la ville, qui est un puits fort profond. Je n’y ai pas vu de clochers, que je crois ; mais un amphithéâtre, tout comme je vous vois ; quantité de statues, de mosaïques, des murs peints, les uns droits, les autres renversés ; et de jour en jour on y découvre de nouvelles choses. La plus précieuse est un morceau de peinture antique à fresque, plus considérable par sa grandeur qu’aucun autre qui existe, et très-bien conservé. Il représente les enfants d’Athènes rendant grâces à Thésée, pour la défaite du Minotaure. La figure de Thésée est debout, de hauteur naturelle, toute nue et d’une grande correction de dessin. Vous savez combien le peu qui nous reste en peinture antique doit faire priser ce qu’on en a (1 ). Il y en a beaucoup d’autres encore, mais moins grandes et moins bien conservées. On a aussi trouvé dans une salle une famille tout entière en statues (2), divers meubles effectifs du temps, et autres choses précieuses. Si on pouvoit se déterminer à vider comme il faut le terrain, je ne doute pas qu’on ne fût bien payé de la dépense. Je compte, au surplus, écrire plus au long sur cet article au président Bouhier ; ainsi je ne vous en entretiendrai pas davantage pour aujourd’hui.


Je ne sais si vous vous attendez à être, à mon retour, pendu à bon marché faire. Ah ! perfide ! c’est donc comme cela que vous examinez mon Salluste, pour lequel je prends la peine de courir vingt fois à unjchien de Vatican où l’on ne peut être servi et où l’on n’a pas de honte de demander trente louis de ce qui vaut cinquante livres !


(1) Les fragments de peintures provenant des fouilles d’Hercnlanum, de Pompéi et de Stabia, réunis aujourd’hui à Naples au musée Degli Sfudi, sont au nombre de plus de quinze cents.


(2) La famille Balbus.