LETTRE I
Me voici arrivé à ma première station en pays étranger, mon gros Blancey ; et, selon la règle de nos conventions, il est temps que je fasse avec vous le Tavernier.
Vous savez que c’est à charge de revanche, et ce que vous
m’avez promis pour m’en récompenser, c’est de faire
avec moi le Cœur-de-Roy. À ce prix vous ne me devrez
rien, car un Cœur-de-Roy[1] en fait de bons contes, vaut
bien un Tavernier en fait de voyages. Au reste, il est bon
de vous avertir, par forme de préface, que ma bavardise
seroit sans égale, si vous n’étiez pas au monde. Routes,
situations, villes, églises, tableaux, petites aventures,
détails inutiles, gîtes, repas, faits nullement intéressants,
vous aurez tout. C’est en vain que vous vous plaindrez. Vos
reproches ne seront pas capables de réformer mon caquet,
- ↑ M. de Cœur-de-Roy était cité alors, en Bourgogne, pour la vivacité de son esprit.