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assurément pas par cette puérile allusion qu’on ne doit imputer, ainsi que les noms bizarres que se sont donnés la plupart des académies d’Italie, qu’au mauvais goût qui étoit en vogue lorsqu’elles ont commencé. Mais jusqu’à présent nous n’avons fait que peloter. Allons au Vieux Palais et passons devant le marché neuf, construit en halle à colonnades de bon goût, au-devant de laquelle est un sanglier de cuivre qui jette de l’eau. C’est un jeune gentilhomme fort bien tourné.


Ce Vieux Palais n’est autre chose par lui-même qu’une vieille bastille, surmontée d’un grand vilain donjon. Il est aussi obscur et massif au-dedans qu’en dehors, soutenu par de grosses méchantes colonnes avec des statues assortissantes, dans lesquelles il ne faut pas confondre une fontaine d’un joli petit enfant de bronze qui étrangle un poisson. Les appartements d’en bas sont peints par le Vasari, Salviati et Frédéric Zuccari. La première chose qu’on trouve en montant est un salon un peu plus grand qu’une place publique, il sert à donner des fêtes ; le plafond, à trente-quatre compartiments, est peint par le Vasari, qui y a représenté les conquêtes des Florentins, dans le fond est le groupe d’Adam et Eve et du serpent ; c’est le chef-d’œuvre de Bandinelli ; vis-à-vis, sur l’estrade » les statues de Léon X et de Clément Vil, de Jean, d’Alexandre et du grand Côme de Médicis, toutes du même Bandinelli ; dans les côtés la Victoire et un Prisonnier, groupe de Michel-Ange ; et six autres groupes d’Hercule, qui étouffe Anthée, qui porte le ciel, qui tue le Centaure, qui défait la reine des Amazones, qui emporte le sanglier d’Erymanthe, qui jette Diomède aux chevaux ; le tout de la main de Rossi : le dernier est le meilleur. Dans le haut sont les cabinets contenant des richesses prodigieuses de toute espèce ; savoir : une vingtaine de grandissimes armoires toutes remplies de vases d’argent ciselés à l’usage soit de la chapelle, soit de la chambre ou du buffet ; un châlit à quatre colonnes, tout de lapis, jaspe ou agate, monté en vermeil ; un équipage de cheval, dont la selle, les étriers et la bride sont de turquoises et la housse de perles. Un parement d’autel de six pieds de long, d’or massif ciselé, avec des inscriptions de rubis. C’est un vœu de Côme It (I), qui est représenté en émail, vêtu d’éme- {i) Le Yœude Côme est à la collection des Gemmes, Galerie des Offices.