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avec Quintin aux curiosités de la ville. Il me semble qu’il prend là-dessus le carême un peu haut, et que je n’en serai pas quitte à bon marché avec lui.


LETTRE XXIV

À M. DE QUENTIN


Mémoire sur Florence.
4 octobre.


J’avois commencé, mon cher Quintin, à brocher à l’ordinaire un bout de mémoire sur les peintures et les sculptures de Florence ; je comptois, quand le papier seroit rempli, le mettre sous une enveloppe à votre adresse ; mais je vois, par votre lettre, que vous êtes plus difficile à satisfaire à cet égard que je ne l’aurois cru. Il vous faut une belle et bonne description détaillée. Eh bien ! vous l’aurez, mais à ma manière, et sans préjudice du mémoire qui vous sera envoyé, tout brut, comme il est, par-dessus le marché. Voici donc une description abrégée de Florence, réduite à vingt petites pages, attendu la discrétion du prêteur.

À tout seigneur tout honneur, commençons par la cathédrale, vieux, vaste et beau bâtiment, tout revêtu en dehors de marbres à compartiments, rouges, noirs et blancs, du dessin d’Arnolfo di Canbio[1], écolier de Cimabue. Il n’y a point de portail, c’est la coutume ; on a barbouillé sur la façade une architecture à fresque en attendant mieux[2]. L’intérieur est d’une belle proportion

  1. On ne sait si Arnolfo di Canbio fut élève de Cimabue.
  2. Plusieurs églises à Florence sont restées sans portique à cause d’une redevance assez forte qu’elles devaient payer à Rome lorsqu’elles étaient terminées. Le Dôme (il Duomo) a eu pourtant sa façade en mosaïque et à portique. Cette façade fut démolie, et l’archilecture à fresque dont parle De Drosses n’est qu’un projet de reconstruction.