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la françoise et mieux que nulle part ailleurs. On leur envoie journellement de grandes poupées vêtues de pied en cap, à la dernière mode, et elles ne portent point de babioles qu’elles ne les fassent venir de Paris. Les bourgeois portent le jupon noir, le pourpoint de même, un manteau, un rabat d’une demi-aune de long et une perruque nouée. Les femmes du peuple, quand elles sortent, s’enveloppent, de la ceinture en bas, d’une pièce de taffetas noir, et de la ceinture en haut, y compris la tête, d’un vilain voile ou écharpe de pareille étoffe, qui leur cache le visage ; c’est une vraie populace de fantômes.

Enfin, il a fallu quitter cette bienheureuse Bologne ; j’ai laissé, en partant, mon cœur et mes pensées à la marquise Gozzadini, qui aura soin, jusqu’à mon retour, de le conserver soigneusement pour la chère petite dame ma bonne amie, à laquelle il appartient de droit depuis si longtemps.


LETTRE XXII

À M. DE QUINTIN


Observations sur quelques tableaux de Bologne.


Bologne, 10 septembre.


À Casa Sampieri. — Apothéose d’Hercule, plafond d’une grandissime force, figures verticales ; Louis Carrache.

Danses d’enfants, de l’Albane. Ce sont de petits Amours qui se réjouissent de l’enlèvement de Proserpine. Invention agréable ; tableau gracieux, délicat et bien colorié.

Géant foudroyé, d’Annibal Carrache ; fresque d’une grande vigueur.

La Sainte-Cécile de Raphaël, copiée par le Guide[1]. On peut juger quelles sont les adorations que mérite Ra-

  1. L’original est à la Pinacothèque de Bologne.