Page:Charles de Brosses - Lettres familières écrites d’Italie - ed Poulet-Malassis 1858.djvu/186

Cette page n’a pas encore été corrigée


peinture en eussent ignoré l’existence. Avec cela il y a quelques-uns de ces morceaux trop bien peints pour être du temps en question (par parenthèse, la Madone de Saint-Luc, que l’on a choisie parmi ces chiffons pour faire des miracles, n’est pas de celles qui pèchent par ce dernier point). Je crois donc que, l’École Lombarde ayant commencé fort tard à se distinguer, on travailloit déjà assez bien ailleurs quand on ne faisoit encore ici que des choses misérables ; et, pour l’ancienneté, le procès des Vénitiens est celui qui me paraît fondé sur les pièces les plus authentiques.


La raison qui m’a fait courir si rapidement dans mes remarques sur les tableaux de Venise devroit m’empêcher de vous rien dire de ceux de Bologne, ni de toutes autres villes où il s’en trouve une aussi immense quantité. La suppression des peintures entraîneroit pareillement celle des statues, et par compagnie la description des édifices, mais je ne puis me résoudre à faire une Saint-Barthélemi si générale. Voici quelques petites choses sur les bâtiments publics et particuliers, et sur les principaux objets d’art qu’ils renferment.


Les édifices publics les plus considérables, outre ceux dont je vous ai parlé, sont la douane, par Tibaldi. Saint Pierre, cathédrale toute neuve, par Magenta, d’ordre corinthien magnifique ; mais les arcs sont exhaussés outre mesure, et on a voulu conserver le fond du chœur qui est beaucoup trop surbaissé pour le reste. Saint-Jean, à côté duquel est un beau portique dorique, et un autre meilleur ionique au devant, dont le dessin est continué en dedans. Saint-Sauveur, la plus belle église de toutes, quoique peu grande ; son architecture corinthienne, par Magenta, fait tête à l’ancienne architecture grecque et romaine. J’ai trouvé dans cette église un tombeau et une épitaphe d’un Montmorency, baron de Nivelle, mort en 1529. Je ne sais si elle est connue de nos généalogistes.


Saint- Paul, bon portail, église propre, à pilastres corinthiens. — La chapelle des pères de l’Oratoire, ouvrage admirable de Torregiani, ou les ornements sont répandus avec tant de goût que leur grande quantité n’altère point la simplicité de l’édifice. — Le Corpus Domini, autre chapelle fort noble. — Jésus et Marie, jolie petite église de religieuses, où il y a d’excellentes statues de Brunelli. — Saint-François, très-beau couvent.