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tour ; j’ai peine à le croire. À la vue, elle ne paraît pas de beaucoup plus grande que Dijon, qui n’en a que deux et demi ; mais sa forme, longue et pointue par les deux bouts, en navette, la fait trouver beaucoup plus grande quand on est dedans, par la longueur des distances.


Je ne sais pourquoi Gênes est la ville d’Italie la plus superbe en bâtiments, quoique son architecture soit moins bonne que dans quantité d’autres. Elle l’est cependant en effet. La quantité de ses palais, leur extrême exhaussement et plus que tout cela, sa magnifique situation, lui auront valu cette prééminence, quoiqu’à prendre les choses en détail, ce que l’on voit ailleurs, comme ici par exemple, vaille beaucoup mieux. Vous en recevrez sans doute bientôt une ample description, lorsque j’aurai moi-même vu Bologne autant que cette ville me paraît mériter de l’être.


LETTRE XX

À M. DE NEUILLY


Mémoire sur Bologne.
15 septembre.


Bologne est pleine de belles églises et de beaux bâtiments particuliers, dont je pourrai vous dire un mot, après vous avoir donné une idée générale de la ville. Elle est toute bâtie comme Padoue, à portiques sous lesquels les gens de pied vont à couvert. Mais, au lieu des infâmes porches qui sont à Padoue, ici ce sont de larges et longues rues, bordées des deux côtés de portiques voûtés, d’un bel exhaussement, soutenus, à perte de vue, par des colonnes de toutes sortes d’ordres et par des pilastres carrés. Quoique le goût de ces colonnes soit tantôt bon, tantôt mauvais, l’ensemble de cette uniformité, forme à mon gré, le plus bel effet et le mieux entendu que l’on puisse se figurer, d’autant mieux que ces piliers sou-