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de fer, et on le scelle de nouveau, par le bout ouvert, à une autre verge faite exprès ; puis on l’ouvre par l’autre bout avec le même mécanisme que celui décrit ci-dessus. Il en résulte un long cylindre de glace d’un large diamètre, qu’on représente, en le tournant, à la bouche du fourneau pour l’amollir un peu de nouveau ; et, au sortir de là, tout en un clin d’œil, d’un seul coup de ciseau, l’on coupe la glace en long, et promptement on l’étend tout à plat sur une table de cuivre. Il ne faut plus après que la recuire davantage dans un autre four, puis la polir et rétamer à l’ordinaire.

À propos, ne vous avisez pas, à mon retour, de me donner moins de l’excellence. J’en ai contracté la douce habitude ; pour de l’illustrissime, je ne m’en soucie plus ; il est ici à rien.

Nous serons demain de retour à Padoue, d’où nous partirons en poste pour Bologne et Florence. De là par le détour de Lucques, Pise et Livourne, nous nous rendrons à Rome ; c’est là que je compte trouver de vos nouvelles à l’adresse du directeur de la poste de France.

P. S. J’ai reçu votre lettre, mon charmant Neuilly, et vous pouvez juger du plaisir qu’elle m’a fait, venant d’un ami tel que vous. Je tâcherai de vous en faire raison sur la route, aussi bien que toutes les extravagances qui sont dans celle-ci. Mais vous êtes un ami commode ; votre vertu n’est sévère que pour vous. Adieu, mes princes, mille et mille choses à nos amis et amies. On vous embrasse ici.


LETTRE XIX

À M. DE MALETESTE


Route de Venise à Bologne.


Bologne, 6 septembre 1739.


Il a fallu, mon cher Maleteste, troquer les gondoles contre des chaises de poste, et le grand canal de Venise contre l’Apennin ; le marché n’est pas avantageux. Voici comment il s’est fait.