chose plus agréable ici que toutes les peintures de l’univers ; car on s’épuiseroit en vain le cerveau pour imaginer à quel point les vins de Lombardie sont détestables.
LETTRE X
Je veux vous faire part, mon cher président, d’une
espèce de phénomène littéraire dont je viens d’être témoin, et qui m’a paru una cosa più stupenda que le
Dôme de Milan, et en même temps j’ai manqué d’être pris
sans vert. Je reviens de chez la signora Agnesi, où je
vous avois dit hier que je devois aller. On m’a fait entrer
dans un grand et bel appartement, où j’ai trouvé trente
personnes de toutes les nations de l’Europe, rangées en
cercle, et mademoiselle Agnesi assise seule avec sa petite
sœur, sur un canapé. C’est une fille de dix-huit à vingt
ans, ni laide ni jolie, qui a l’air fort simple et fort doux,
On a d’abord apporté force eau glacée, ce qui m’a paru
un prélude de bon augure. Je m’attendois, en allant là,
que ce n’étoit que pour converser tout ordinairement avec
cette demoiselle ; au lieu de cela, le comte Belloni, qui
m’y amenoit, a voulu faire une espèce d’action publique ;
il a débuté par adresser à cette jeune fille une belle harangue en latin, pour être entendu de tout le monde.
Elle lui a répondu fort bien ; après quoi ils se sont mis à
disputer en la même langue, sur l’origine des fontaines,
et sur les causes du flux et du reflux que quelques-unes
ont comme la mer. Elle a parlé comme un ange sur cette
matière ; je n’ai rien ouï là-dessus qui m’ait plus satisfait.
Cela fait, le comte Belloni m’a prié de disserter de même
avec elle sur quel sujet il me plairoit, pourvu que ce fût
sur un sujet philosophique ou mathématique. J’ai été
fort stupéfait de voir qu’il me falloit haranguer impromptu,
et parler pendant une heure en une langue dont j’ai si
peu l’usage. Cependant, vaille que vaille, je lui ai fait