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conditions particulières de la personne du copiste du Colbert qui, très-vieux, très-habile, a garde des pratiques et des soins de la période précédente ?

Malgré cette apparence matérielle d’ancienneté, malgré l’orthographe parfaitement régulière et soignée — trop soignée, et exceptionnellement régulière, — j’ai été trop trappe du peu d’intelligence que cet admirable calligraphe avait du texte, et même du rhythme, pour m’en fier à lui. Je ne l’ai suivi que là où mon plus ancien copiste du manuscrit La Vallière cédait la place à son ou à ses successeurs.

Dès lors je ne devais plus hésiter ; ces derniers étant beaucoup moins sûrs que leur prédécesseur et cette fois sans conteste, — fort postérieurs à l’illustre et inepte calligraphe du Colbert, — il m’a fallu pour la dernière partie de l’édition tenir grand compte de ce dernier.

Il en est résulté cet inconvénient de mettre en plus grande lumière le manque d’uniformité de l’orthographe contemporaine. Inconvénient peu considérable, d’ailleurs, en un temps où le même écrivain ne suit pas d’un bout à l’autre de son manuscrit les mêmes habitudes orthographiques.

Enfin, malgré la confiance que j’ai accordée à ce premier copiste du manuscrit La Vallière, je ne l’ai pas suivi dans ses singularités. Il écrit toujours povair rimant avec la syllabe oir, souvent serement et guerredon avec la valeur de deux syllabes. J’ai, par faiblesse pour l’œil de mes contemporains, écrit povoir, serment, j’ai dû aussi me résoudre à changer moustrer (qu’il donne constamment au lieu de monstrer), mais je l’ai fait à regret, cette syllabe ou étant caractéristique d’une tentative d’euphonisme qui n’a pas complètement avorté, et à laquelle, par exemple, nous devons moutier, couvent, au lieu de montier et convent qui sont la forme ancienne et étymologique.

Les lecteurs qui s’occupent particulièrement d’érudition me pardonneront ces explications minutieuses ; les autres les trouveront ennuyeuses, mais ils en