Page:Charles d Orléans - Poésies complètes, Flammarion, 1915.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’AMANT.

     De ceulx ne suis, quant est à moy.
Surce, je respons à brief motz :
Je vous asseure, par ma foy,
Oncques ne fuz en ce propos,
J’ay toujours porté sur mon dos,
Paine, Travail à grant planté.
Ne nulle chose n’ay hanté,
Dont on dye qu’aye failly.
Combien qu’en dueil m’aiez planté,
Comme faint seigneur et amy.


AMOURS.

     Estre mon maistre vous voulez,
Par vostre parler, ce me semble,
Et grandement vous me foulez ;
Mais l’estrif de nous deux ensemble,
Comme on peut cognoistre, ressemble
Au debat du verre et du pot ;
Fain avez qu’on vous tiengne à sot ;
Devant Raison soit assigné,
Se j’ay tort, paier vueil l’escot,
Quant le debat sera fine.


L’AMANT.

     Il fault que le plus foible doncques
Soit tousjours gecté soubz le pié,
Ne je ne vy autrement oncques ;
Rendre se fault, qui n’a traittié.
J’ay cogneu, où j’ay peu gaingnié,
Vostre court, à mont et à val,
Et, soit à pié ou à cheval.
On n’y scet trouver droit chemin,
Quoy qu’on y trouve, bien ou mal,
Il fault tout partir au butin.