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seils de gens pieux qui parlaient du pardon des injures, les rériexions des gens graves qui montraient le besoin que la pauvre France avait de la paix. Les détails que nous avons sur ses entrevues avec les Bourguignons nous le inontrent résistant de son mieux ; et toujours, et aussitôt qu’il le put, il reprit les soins de sa vengeance et de sa politique.

On le voit trop tel qu’il fut plus tard quand, alourdi physiquement, et moralement affaissé par vingt ans de captivité, il eut pris pour devise Nonchaloir, pour consolation l’Insouciance et pour Dieu la Résignation. On oublie que ce sont les plus ardents, les plus actifs, les plus ambitieux que l’âge amollit le plus quand ils ont lutté longuement contre des liens que nul effort n’a pu briser.

Il me serait facile de montrer combien Charles dépensa d’énergie, si je pouvais entrer dans les détails minutieux de ces sept années de luttes. Mais, ainsi que je le disais plus haut, sa biographie, à cette date, c’est toute l’histoire de France. Elle est connue. Je n’en veux indiquer que les grandes lignes et quelques traits plus particuliers, ou plus ignorés, ou plus personnels à notre poëte.

Louis d’Orléans avait été assassiné le 7 novembre. La première pensée de Valentine est pour la sûreté de ses enfants. Elle les envoie au château de Blois où l’on commence ces travaux de fortifications, ces amas d’artillerie qui vont se continuer pendant les années suivantes, dans les principales forteresses des domaines d’Orléans. Messire Guillaume de Braquemont, messire Guillaume de Trie, et Pierre de Mornay, seigneur de Gaules, chevalier fort connu sous le nom de Galuet, nous sont indiqués par divers documents comme présidant alors la maison militaire des d’Orléans : Galuet surtout, qui était chambellan de Charles d’Orléans, et qui devint gouverneur du château de Blois. Nous avons ses quittances en cette qualité, de juillet 1408 à février 1409. Nous le retrouvons souvent dans le cours de cette biographie. Nous vovons notamment qu’il accompagnait Valentine, partant le 24 novembre 1407, — Monstrelet ne nous indique son arrivée que le 10 décembre, — par le plus terrible hyver du siècle, pour venir à Paris demander vengeance de la mort de son mari. Elle y vint avec son pl’is jeune fils, Jean, et sa belle fille, fille du roi