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En ce qu’il voas doit raconter ;
Et me tenez, je vous en prie,
Vostre loyaument, sans faulser.


ENVOI.

     Dieu me fiere d’espidimie,
Et ma part es cieulx je renye,
Se jamais vous povez trouver
Que me faigne, par tromperie,
Vostre loyaument, sans faulser.


BALLADE XXII.

     Par les fenestres de mes yeulx,
Ou temps passé, quant regardoye,
Advis m’estoit, ainsi m’ait Dieux,
Que de trop plus belles véoye
Qu’à présent ne fais : mais j’estoye
Ravy en plaisir et lyesse,
Ès mains de ma Dame Jeunesse.
     Or, maintenant que deviens vieulx.
Quant je lis ou livre de Joye,
Les lunettes prens pour le mieulx ;
Par quoy la lettre me grossoye
Et n’y voy ce que je souloye.
Pas n’avoye ceste foiblesse,
Ès mains de ma Dame Jeunesse.
     Jeunes gens, vous deviendrez tieulx
Se vivez et suivez ma voie ;
Car au jourduy n’a soubz les cieulx
Qui en aucun temps ne fouloye.
Puis fault que Raison son compte oye