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D’elle qui estoit sans nul blasme,
Comme jurent celles et ceulx
Qui congnoissoyent ses conseulx ;
Si croy que Dieu la voulu traire
Vers lui, pour parer son repaire
De Paradis, où sont les saints ;
Car c’est d’elle bel parement,
Que l’en nommoit communément
Le tresor de tous biens mondains.


ENVOI

     De riens ne servent pleurs, ne plains ;
Tous mourrons, ou tart ou briefment ;
Nul ne peut garder longuement
Le tresor de tous biens mondains.


BALLADE LXX.

     Puis que Mort a prins ma maistresse,
Que sur toutes amer souloye,
Mourir me convient en tristesse,
Certes plus vivre ne pourroye.
Pource, par deffaulte de joye
Tresmalade, mon testament
J’ay mis en escript doloreux,
Lequel je présente humblement
Devant tous loyaulx amoureux.
     Premierement, à la haultesse
Du Dieu d’Amours donne et envoye
Mon esperit, et en humblesse
Lui supplie qu’il le convoye
En son Paradis et pourvoye ;