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Mais je pense que par sagesse
Si tresbien me gouverneray
Et telle maniere tendray
Que faulx Dangier trompé sera,
Ne nulle riens n’appercevra ;
Si mettra il sa painne toute
D’espier tout ce qu’il pourra ;
C’est une chose que fort doubte.


BALLADE LII.

     Me mocqués vous, Joyeux Espoir,
Par parolles trop me menez,
Pensez vous de me decevoir !
Chascun jour vous me promettés
Que briefment véoir me ferez
Ma Dame, la gente Princesse,
Qui a mon cueur entièrement ;
Pour Dieu, tenés vostre promesse,
Car trop ennuie qui attent.
     Il a long temps, pour dire voir,
Que tout mon estat congnoissés.
N’ay je fait mon loyal devoir
D’endurer, comme bien savés ?
Oüil, ce croy je, plus qu’assés.
Temps est que me donnez Liesse,
Desservie l’ay loyaument,
Pardonnez moy se je vous presse,
Car trop ennuie qui attent.
     Ne me mettez à nonchaloir,
Honte se a se me failliés,
Veu qui me fie main et soir
En tout ce que faire vouldrés.