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Le mal qui tient mon cueur martir,
Ce premier jour du mois de May.


BALLADE XLIX.

     J’ay mis en escript mes souhais
Ou plus parfont de mon penser ;
Et combien, quant je les ay fais,
Que peu me pevent profiter,
Je ne les vouldroie donner
Pour nul or qu’on me sceust offrir,
En espérant, qu’au par aler.
De mille l’un puist avenir.
     Par la foy de mon corps ! jamais
Mon cueur ne se peut d’eulx lasser ;
Car si richement sont pourtrais
Que souvent les vient regarder
Et s’y esbat pour temps passer,
En disant par ardent desir :
Dieu doint que, pour me conforter,
De mille l’un puist avenir !
     C’est merveille, quant je me tais,
Que j’oy mon cueur ainsi parler ;
Et tient avec Amour ses plais,
Que tousjours veult acompaignier ;
Car il dit que des biens d’amer
Cent mille lui veult departir ;
Plus ne quier, mais que, sans tarder,
De mille l’un puist avenir.


ENVOI

     Vueilliez à mon cueur accorder,
Sans par parolles le mener,