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Car tousjours me charge garder
Le point d’attente seulement,
En me disant que vrayement
Se ce point lyé sçay tenir,
Qu’au derrain je doy, sans mentir,
Gaangnier le jeu entierement.
     Je suy pris et ne puis entrer
Ou point que desire souvent ;
Dieu me doint une fois gietter
Chance qui soit aucunement
À mon propos, car autrement
Mon cueur sera pis que martir,
Se ne puis, ainsi qu’ay désir,
Gaangnier le jeu entierement.
     Fortune fait souvent tourner
Les dez contre moy mallement ;
Mais Espoir, mon bon conseillier,
M’a dit et promis seurement
Que Loyauté prochainement
Fera Bon Eur vers moy venir
Qui me fera, à mon plaisir,
Gaangnier le jeu entierement.


ENVOI

     Je vous supply treshumblement,
Amour, aprenez moy comment
J’asserray les dez sans faillir ;
Parquoy puisse, sans plus languir,
Gaangnier le jeu entièrement.


BALLADE XLVII.

     Vous, soyés la tresbien venue
Vers mon cueur, Joyeuse Nouvelle,