Page:Charles Virmaître - Les Flagellants et les flagellés de Paris.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

femme a eu pour ancêtre le général Pavé, j’ai peut-être tort de douter si j’en juge par ce qui va suivre :

Léontine était une habituée fidèle des cafés du boulevard Montmartre, il y a à peine quelques années, elle était si énorme qu’on l’avait surnommée : la Mastodonte. C’était une fille d’humeur joyeuse, une véritable toujours prête, elle couchait avec tous pour un déjeuner, pour un bock, et ne demandait jamais d’argent, elle n’avait pas besoin d’avoir de domicile fixe, puisqu’elle avait celui de tout le monde, cette fille bizarre, bohémienne par excellence, changeait de linge chez ses amants de passage, ce qui produisait chez les blanchisseuses les scènes les plus comiques ; par exemple, elle couchait un soir chez P…, elle changeait de chemise, mettant une des siennes, et lui en laissant une en échange marqué S…, ainsi de suite pour les mouchoirs et les chaussettes, toutes les lettres de l’alphabet y passaient, ce qui faisait que tout le linge des amis était mélangé, on en riait, et en plaisantant, on disait à X… un haut personnage aujourd’hui :

– Rends-moi donc ma chemise et mon mouchoir.

Léontine pratiquait en grand le libre-échange rêvé par Proud’hon.

Un jour, un cabotin l’emmena à Nice, puis à

19