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XXVI
LES FLAGELLANTS

Heureusement, rien ne s’est passé ; nous avons échangé nos idées sur toutes sortes de choses, comme des gens paisibles et raisonnables qui font connaissance en voyage, par exemple, et elle avait l’air de goûter fort ma conversation que je tâchai toujours de ramener au masochisme. Je voulais changer de sexe, devenir femme, pendant qu’elle serait l’homme dans notre liaison future, que j’appelai de tous mes vœux, si elle voulait dans sa bonté, accueillir ma demande favorablement. Elle m’avoua que cela la réjouirait fort, qu’elle aimait battre un homme et l’humilier, sentant ainsi qu’elle vengeait son sexe opprimé en sa personne, et elle trouvait un plaisir indicible en courbant à ses pieds un des maîtres du monde. Elle ne tenait pas à me donner le nom d’une femme, mais celui d’un chien, puisque je devais lui obéir comme un de ces bons et fidèles compagnons de la race canine, et promit de m’appeler « Médor », ce qui me ravissait, lui jurai-je, et je n’eus pas la peine d’étouffer une forte envie de rire, parce que j’avais