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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

amant, j’ai quitté mon amant pour un autre, et un jour, j’ai fait le truc, je me suis collée avec le trottoir ; mon mari m’a retrouvée, et s’est jeté à mes genoux, il a pleuré. Un tas de blagues. Je suis rentrée avec lui, huit jours, puis je me suis débinée à nouveau, et enfin je suis entrée ici. Je ne sais comment il a découvert mon adresse, et, un beau soir, il s’est amené. Vous jugez de mon épatement ; j’allumais déjà une carafe pour lui casser la gueule s’il s’approchait de moi pour me frapper ; il resta calme, me tendit la main et me regarda d’un air de pitié ; je fus prise d’un serrement de cœur. Cette résignation muette me faisait mal. Je m’approchai de lui et je lui dis à voix basse :

– Frappe-moi, traite-moi comme une putain.

Cela m’aurait soulagée, il ne bougea pas.

– Allons-nous en, me dit-il.

– Je ne puis pas, lui répondis-je, je dois douze cents francs à Madame (la maquerelle), à moins que tu ne veuilles les payer.

– Tu sais bien que je ne gagne que cent sous par jour.

– Eh bien, je reste.

– Permets-moi de venir te voir.

– Oui, le samedi.

– Depuis ce moment,il ne manque jamais comme vous l’avez vu.