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LES FLAGELLANTS

voir une jolie jambe. Il aurait bien envie de prendre un acompte et de crier comme l’ancien titi à Bobino : « La toile ! la toile !» Elle arrive au troisième étage, elle se retourne vers son poursuivant émerillonné et lui dit :

– Vous tenez absolument à venir chez moi. C’est bien, mon marivavous recevoir.

Le prêtre, qui n’est pas décontenancé par cette déclaration qu’il avait soupçonnée, lui répond tranquillement :

– Ah !tant mieux, madame,je n’aime que les femmes mariées, parce qu’il n’y a pas d’accident à craindre ni pour la femme ni pour moi. Il n’est pas un mari, si pointu fût-il, qui trouverait extraordinaire qu’un ministre de Dieu vînt rendre visite à une jolie pénitente.

Cet enragé ne s’en va que lorsque la femme est rentrée chez elle.

Il y a un épilogue amusant à cette anecdote. Le mari rencontra le prêtre le lendemain ; comme il était peintre, il admira ce superbe gaillard. Une fois rentré chez lui, il dit à sa femme :

– J’ai rencontré, rue Notre-Dame-de-Lorette, un prêtre, un homme digne de l’antique. J’ai justement besoin d’un modèle ; je donnerais je ne sais combien pour faire poser cet homme-là dans mon atelier.