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LES FLAGELLANTS

résista pas, elle accorda à l’ambassadeur tous les rendez-vous possibles. Le premier fut fixé au lendemain minuit, au Grand Hôtel où il était descendu ; elle fut exacte, un domestique de belle mine l’attendait dans l’antichambre, aussitôt elle fut introduite auprès du prince, dans un coquet petit boudoir entièrement capitonné en velours épinglé, de couleur gris perle, il n’y avait pour tous meubles qu’une chaise longue, deux fauteuils crapauds et un prie-Dieu en ébène, au-dessus duquel était suspendu un magnifique christ en ivoire qui reposait sur un fond de peluche grenat.

Le prince était vêtu d’une soutane violette, sans autres ornements qu’une croix d’or enchâssée d’améthystes, suspendue sur sa poitrine par une chaîne de même métal finement ciselée, et coiffé de la calotte cardinalice ; à l’entrée de M… P…, il se leva, et la fit asseoir galamment sur la chaise longue, à côté de lui.

— Vous êtes charmante, lui dit-il, je vous aime, non pas comme les hommes ont l’habitude d’aimer, pour satisfaire une passion charnelle, brutale, je vous aime à ma façon, j’ai une passion tout idéale, je vais vous l’expliquer, si vous consentez, vous reviendrez demain, à la même heure. Il lui expliqua longuement et minutieusement ce qu’il désirait d’elle, puis il la congédia.