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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

Les unes entraient dans la boutique ; d’autres stationnaient sur le trottoir, regardant curieusement les glaces de la devanture. Si une bourgeoise se hasardait dans la boutique, peu d’instants après elle s’enfuyait épouvantée, ahurie, affolée ; si au contraire c’était un homme, il riait à se tordre, assailli qu’il était par un troupeau de p…, et il n’en ressortait pas sans en emmener une à n’importe quelle sauce. Ce genre d’off-meat lui coûtait plus de vingt centimes la tasse.

M… P…, qui avait pressenti la phrase de Clément Duvernois : « Sire, faites grand », dit un jour à T… : « Il faut faire grand. » T… y consentit. Alors elle servit avec le bouillon des sandwichs au jambon d’York et au foie gras. Naturellement, les camarades ne payaient pas, on buvait une trentaine de bouteilles de bordeaux, de malaga, de madère ou de champagne chaque jour et l’on mangeait plus de cent cinquante sandwichs.

À ce train-là, l’off-meat ne pouvait tenir longtemps et, six semaines plus tard, la boutique fermait. Mais M… P… était fière d’avoir été établie, et jusqu’à la fin de ses jours, elle disait à tout propos :

— Il fallait me voir dans mon comptoir, au boulevard Haussmann !

Elle recommença son existence folle, sa vie de