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LES FLAGELLANTS


Aller à la ballade, à la vadrouille, suivant ses expressions favorites, c’était le but de sa vie.

Elle était si insoucieuse de l’argent qu’elle faisait poser de F… qui lui apportait dix mille francs, pour s’en aller manger des frites à la halle ou une mate lotte au Marronnier, à Bercy, avec un béguin.

M… P… était le produit d’une mère concierge et d’un père ferblantier de la rue de Taranne.

Elle entra, vers quinze ans, dans les petites classes de danse de l’Opéra ; à seize ans, elle en avait déjà assez. Cela s’explique : des remontrances et des réprimandes tous les jours et le bonnet d’âne trois ou quatre fois par semaine, une véritable vie d’enfer, d’autant plus qu’étant d’un snobisme remarquable, elle était en butte aux sarcasmes de ses camarades plus précoces qu’elle ; elle se rattrapa depuis, mais elle aimait à raconter ces deux souvenirs de son jeune âge :

Sa mère avait, quoique concierge, une vieille cantinière pour femme de ménage qui avait conservé un amour immodéré pour la culotte garance. Un jour de chaleur caniculaire, une amie vint rendre visite à sa mère. M… P… jouait au volant dans la cour ; sa mère l’appela, elle arriva en hâte.

« Voilà, dit-elle, dix minutes que je cherche Baïonnette pour aller prendre un litre chez le bistro. Sans doute qu’elle est en train de licher ; va donc voir