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LES FLAGELLANTS

Elles se donnent comme filles d’officiers supérieurs élevées à Saint-Denis, comme ayant été séduites par leur beau-père, comme institutrices déclassées ; cette dernière assertion n’est pas tout à fait fausse, car à la tombée de la nuit, aux environs de la place Saint-Georges, on peut voir une grande fille brune, modestement mise, qui a piqué sur son jersey le ruban des palmes académiques.

Son boniment est court et n’est pas banal. C’est une invite à… cœur discrète, En passant à côté de vous, elle dit d’une voix douce et basse, en lançant un regard polisson : « Je ne demeure pas loin ! »

Rien de répréhensible ; tout le monde a le droit, dans la rue, de faire une réflexion à voix haute.

C’est un rude métier que celui de marchande d’amour. Pauvres créatures qui se sont dévouées dans un jour d’abnégation touchante au bonheur physique des vieux messieurs. Leur sort inspire une pitié profonde mêlée à une certaine admiration pour tant de courage et de persévérance ; ce sont les sœurs de charité du mal, toujours prêtes à s’installer au chevet d’un homme riche. Elles ont éteint en elles toute espèce de dégoût physique, et aucune plaie morale ne les effraye, aucune lèpre sociale ne les rebute, ça les attire au contraire.

Quand elle voit ses nombreux et consciencieux travaux récompensés par la fortune, elle jouit en